
Je n’avais jamais lu Didier Eribon et celui-ci m’a particulièrement fait envie, mais comme il y commente beaucoup Retour à Reims, je me demandais si ça n’allait pas me gêner. Au final : pas du tout. Bon, ceci dit, il vaut sans doute mieux situer son parcours et ce qu’il raconte (par exemple avec les très bons épisodes des Couilles sur la table qui lui sont consacrés) et avoir quelques bases en sociologie. Eribon parle ici de son parcours de transfuge de classe, de manière très fine et très incarnée. Il parle de son rapport à sa famille, et du parcours de ses aïeux, de son regard sur elles et sur eux. Il montre de manière très touchante et très précise comment son cheminement sociologique a modelé ses réactions psychologiques et émotionnelles. Ce qui permet de toucher vraiment du doigt comment c’est vécu et comment ça impacte toutes les dimensions d’une personne. Avec un effet de dévoilement que j’ai trouvé fort. Et il montre comment ses propres réflexions se sont constituées en dialoguant avec les livres de Bourdieu, Ernaux et Beauvoir (voir avec les auteurices). Et j’ai trouvé ça riche (ça donne envie de lire tout plein (au-delà du fait que tout livre me donne envie d’en lire d’autres)), touchant quant à l’impact de l’écrit et questionnant (et c’est volontaire et développé) quant à la place de ces savoirs dans les rapports de classe. J’ai vraiment aimé et ça me nourrit dans ma découverte de la sociologie tout en n’étant pas un format de livre théorique mais un témoignage plus personnel (de sociologue, certes).