
Lu. L’illusion du consensus, de Chantal Mouffe.
Je n’avais jamais lu Chantal Mouffe, alors qu’on me l’avait conseillée et qu’elle irrigue la pensée d’auteurices que j’ai lu-es. Ce qui fait que c’est à la fois une découverte et quelque chose d’assez familier. C’est un texte puissant, intellectuellement et politiquement. Elle y analyse de manière documentée et solide comment notre culture politique actuelle place l’idée d’un consensus permanent comme aboutissement de la démocratie. Et elle démonte cette idée en montrant comment c’est avant tout un aboutissement, et une victoire, du libéralisme. Et surtout comment c’est néfaste, et même dangereux, pour la démocratie, justement. Elle postule que la logique consensuelle ne permet plus de s’identifier à un collectif politique, et que ce besoin d’identité collective se rabat sur des identités essentialistes et nationalistes. Ce qui éclaire donc notamment de manière essentielle la montée des nationalismes dans les régimes néolibéraux. A partir de cette analyse, elle propose de reconstruire une démocratie conflictuelle institutionnalisée, avec des adversaires et non des ennemis. C’est très éclairant et très motivant (et ça rejoint des réflexions comme « Eloge du conflit » qui m’avait déjà bien alimenté). Pour tout dire, ça va venir enrichir non seulement mes réflexions mais des pans centraux de mes contenus politiques en formation. Et il se trouve, en prime, que malgré des références universitaires assez pointues, il y a un effort très réussi d’être accessible et très structurée. Si les questions de politique et de démocratie vous intéressent, je vous le recommande très chaudement.
Hmm, très intéressant. Cela rejoint ce que je suis en train de lire: Sitting in the fire, d’Arnold Mindell, qui dit que notre démocratie n’est qu’un truc lisse et superficiel, car elle rejette tout conflit. Il lui oppose la « deep democracy », où chacun peut s’exprimer et où la collectivité est ouverte à la confrontation des idées (en très résumé).
Sitting in the fire est centré sur la gestion des conflits dans cette optique. Il a écrit d’autres livres sur la deep democracy, mais je découvre seulement cette personne.