
J’espère que vous n’en avez pas marre que je vous chante les louanges de K.J. Parker, parce que j’ai pas fini. Ici, toujours un contexte faussement historique, plutôt dans un équivalent de la Venise du début de la Renaissance, avec beaucoup de liberté donc, mais des références repérables et une richesse bienvenue. On y suit le parcours d’un personnage fascinant et attachant, mais qui n’a rien d’un héros. Il devient chef de l’État, issu d’une famille patricienne et à la tête d’une banque majeure, et il a des grands plans. Et une vie personnelle et émotionnelle toute pétée, mais de manière très complexe et crédible. Au point que, même si on sent bien que ça va quelque part, le plaisir est surtout de suivre ce qu’il fait au quotidien, de se réjouir de la richesse des plans, manœuvres et dilemmes. C’est un bouquin qui aurait pu continuer pendant plusieurs tomes, sans avoir d’issue, et j’aurais adoré. D’autant que c’est une fois plus plein de petites anecdotes et péripéties très directement inspirées de faits historiques et qui sont à la fois drôles et surprenants. Au final, ceci dit, ça va quelque part. Et, sans trop en dévoiler, on se doute vite que ça ne va pas finir de manière glorieuse (si ça avait le cas, il aurait fallu plusieurs volumes. Et un auteur différent). Mais la fin est satisfaisant, douce-amère et très maline humainement, même si elle n’est pas héroïque ni joyeuse. Une fois de plus donc, j’ai beaucoup aimé, parce que ça ressemble à des formats connus mais ça ne l’est pas du tout sur l’intention et le message, ou la profondeur.