On connaît (potentiellement) Guy Debord pour ses écrits politiques (en particulier La société du spectacle et son influence sur 68) et son rôle dans l’Internationale Situationniste. On le connaît en général moins en tant qu’auteur de jeu, alors qu’il a conçu un « Jeu de la guerre » auquel il espérait un grand retentissement. Comme beaucoup d’auteurs de jeu optimistes, il espérait un nouveau monopoly. Au final, pas du tout, ce fut une déroute. C’est la place de ce jeu dans son parcours et sa réflexion que raconte cet ouvrage, et donc ses réflexions en tant que stratège. Ouvrage qui vise donc un public étroit, ne nous le cachons pas. Étant intéressé par Debord et par le jeu, ça m’a pas mal intéressé. Je ne peux par contre pas dire que ce soit abordable. Une très grande partie de ce qui est raconté sert surtout à replacer le contexte, c’est-à-dire la manière dont Debord a pensé le rôle et les objectifs de l’Internationale Situationniste, sa production et surtout sa stratégie politique. Et c’est intéressant même si ça reste pour moi en partie obscur parce que trop plein de références historiques et philosophiques. Et c’est utile pour comprendre la place de son jeu, même si beaucoup moins aurait pu suffire à ce

titre là. Pour le reste, il s’agit effectivement de l’histoire de ce jeu, de ses liens avec les corpus classiques de stratégie militaire et de son objectif de servir de formation stratégique aux situationnistes et autres révolutionnaires. Et c’est amusant finalement, parce que sur la forme ça rate carrément. Mais intéressant sur les questions de fond que ça soulève. Au final, ce livre est une curiosité, comme le jeu en question, qui n’a d’intérêt que pour un public spécialisé et au carrefour de deux thèmes formellement éloignés, là aussi comme le jeu (ce qui devrait lui garantir la même diffusion mais ce coup-là ce ne sera à mon avis pas du tout une surprise).

LE JEU DE LA GUERRE