Attention, bouquin sérieux, très politique et très au cœur de l’actualité : on y traite les liens de fond entre la pandémie actuelle et le capitalisme, en passant donc en détail par des questions de crise écologique. Tout au moins pour la première moitié dans laquelle on va analyser de manière fine et documentée (c’est-à-dire vraiment fondée sur de grosses études scientifiques récentes) d’où viennent ces virus. On parle donc zoonose, modifications des écosystèmes et comportement des espèces hôtes, plus ou moins maltraitées et perturbées (mais plutôt plus quand même). Et on parle donc expansion du capitalisme, de l’exploitation des ressources. Et également de tourisme et de consommation de viandes rares comme signe de prestige social (et de plus en plus rares, donc de plus en plus prestigieuses). L’analyse est solide, les constats déprimants et le réquisitoire contre le système actuel imparable. Ce qui en ferait déjà un bouquin essentiel et bienvenu dont on serait sorti-e en colère et tou-te déprimé-e. Mais il y a une seconde partie, extrêmement politique : qu’y faire ? Et là on parle stratégie à grande échelle. On parle urgence et cul-de-sac de la social-démocratie. Et du coup, l’auteur propose une réflexion solide et très intéressante sur la base du communisme de guerre (et du léninisme anti-stalinien, parce que oui, les risques d’un état trop fort sont discutés). J’ai trouvé ça très stimulant et riche (et l’auteur est assez pointu sur les questions de stratégies et de courants de gauche révolutionnaire) et je n’attendais pas toute cette seconde partie, qui est extrêmement bienvenue (et dont le côté radical est sans doute plus facilement entendable après les constats de la première). Ce n’est bien sûr pas joyeux mais ce n’est pas seulement un constat catastrophique, ce sont aussi des pistes concrètes. J’ai trouvé ça passionnant et prenant, je le recommande, surtout en ce moment.