
La lune est une excuse, un élément de contexte et d’ambiance, contrairement à ce que le titre peut laisser penser : le sujet de fond, c’est la politique terrienne et le point de bascule au-delà du capitalisme et des formes de gouvernement dominant aujourd’hui. Vu par le prisme du système chinois, ce qui change très agréablement (les Etats-Unis deviennent strictement périphériques, à tous points de vue), d’autant que c’est profondément documenté et réfléchi, comme toujours avec Kim Stanley Robinson (pas d’exotisme post-colonial donc). Maintenant, comme c’est un livre mosaïque, ce n’est finalement pas de ça qu’on parle le plus (enfin si, mais en toile de fond et comme point d’arrivée) : on parle aussi de poésie, d’IA, de stratégies de lutte sociale et révolutionnaire, d’espions, de neuro-atypisme et de famille. De manière documentée et même parfois très touchante. Mais avec quand même l’impression de se perdre un peu, de ne pas voir toute la cohérence. Ce qui n’est pas désagréable parce que tout est bien,
mais il n’y a pas forcément beaucoup d’élan ou de visibilité. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de tension, mais il faut accepter de se faire balader. Et je ne suis pas sûr d’être entièrement conquis même si j’aime bien le propos et les réflexions de fond.