
China Miéville fait systématiquement dans le brillant et le bizarre. C’est le cas pour ses romans (et les derniers sont encore plus expérimentaux et étranges que la moyenne des précédents, qui était déjà élevée) mais c’est sans commune mesure avec ce qu’il s’autorise à explorer ici sous la forme de nouvelles. Il y a vraiment de tout, mais rien qui soit attendu, ou même confortable. Autant les formes et les thématiques varient largement, autant on retrouve toujours cette étrangeté bancale insérée au cœur de repères plus ou moins quotidiens. On sent notamment l’influence de Lovecraft pour cette dimension pernicieuse et poisseuse d’un fantastique dont on ne comprendra jamais vraiment les causes ou la raison. (sans le coté xénophobe et paranoïaque de Lovecraft, tout au contraire, et tant mieux). Ce qui fait que Miéville écrit des nouvelles pour explorer des idées et des ambiances, pas pour construire des mécaniques huilées avec une chute ou une révélation à la fin. Ce qui parfois me manque ou me frustre, mais ça fonctionne très bien avec ce qu’il raconte ce qui fait que je m’y acclimate finalement bien. Et je crois que chaque nouvelle m’a provoqué un étonnement, ou un malaise ou une réflexion, bref une émotion spécifique : autant dire que c’est réussi. Et que ça ne se lit pas en enchainant les nouvelles rapidement et mécaniquement : il faut prendre le temps de digérer et d’en sortir avant de passer à la suivante. C’est un recueil que je conseille évidemment aux fans de Miéville, mais aussi à celles et ceux qui aiment l’étrange et qui veulent découvrir le style unique de cet auteur qui fait partie depuis des années de mes incontournables.
Lu il y a quelque temps déjà et beaucoup apprécié aussi.