
Annalee Newitz propose un roman ambitieux et original : une histoire de voyages dans le temps, complexe et riche, avec pour thème les luttes pour et contre les droits des femmes. Aux Etats-Unis uniquement ceci dit parce qui si d’un point de vue temporel ça balaie très large, d’un point de vue géographique et culturel non. Ce qui n’est pas vraiment un reproche parce qu’avec tout ce qu’il y a déjà, ce n’était pas possible d’en rajouter. Parce qu’on suit plusieurs personnages à plusieurs époques, et des bouts sur le voyage dans le temps (avec une idée de machine vraiment originale et intrigante mais qui laisse sur sa faim), et une lutte pour les droits qui est prétexte à présenter des moments étonnants et peu connus, et une histoire d’amitié et de punk-rock et oui, c’est foisonnant. Et bien articulé. Et avec non seulement un propos documenté et malin. Mais je crois que ça en fait au final un peu trop. À la fois parce que les enchaînements permanents affaiblissent l’investissement dans les personnages et les intrigues émotionnelles (qui sont pourtant astucieusement construites) et parce que ça laisse un certain nombre de questions ouvertes au final (vous me direz qu’avec du voyage dans le temps, c’est parfois mieux que de clore n’importe comment et vous n’avez pas forcément tort). L’autre bémol, c’est que ce n’est, vu le thème, pas léger et que l’autrice pousse jusqu’au bout dans ce que pourraient être des extrêmes de société haïssant les femmes, et c’est moche. Justifié mais ça ne fait pas de la Sf qui fait oublier le quotidien. Au final, c’est du très bon boulot, mais un peu trop chargé à plusieurs titres pour que je sois complètement conquis