
Rayne Constantine est aujourd’hui docteure et tient une page facebook que j’aime beaucoup (Insufferably intolerant science nerd). Et pour financer ses études, elle a été prostituée dans une maison close. En Australie, donc dans de bonnes conditions. Et elle l’a fait par choix. Enfin, comme elle l’explique très bien : moyennant le fait que dans un système capitaliste elle n’avait pas le choix de travailler ou non, mais elle a choisi quel boulot. Et elle raconte. Et ça mérite vraiment d’être lu. D’une part parce que c’est pour une partie drôle : les inter-chapitres sont des collections d’anecdotes et dialogues réels, et ca vaut une sitcom. Mais ce n’est qu’une petite part, celle qui crée des respirations. Tout le reste, si je résume, c’est le meilleur essai que je connaisse sur la sexualité, l’intimité, leurs liens avec le sexisme et les stéréotypes, la masculinité (fragile en particulier), l’estime de soi qui se joue dans la sexualité et les politique de la sexualité et de la prostitution. Oui, tout ça. Tout ça réfléchi et exposé brillamment. Et directement. Et avec humour et engagement, sans retenir les coups mais sans aucun misérabilisme. C’est le texte d’une chercheuse qui a réfléchi ce qu’elle a vécu, comment ça l’a fait évoluer, ce que ça lui a montré des gens, et qui s’est documentée avant d’en parler avec punch et humour. Si ce n’est la légitimité et l’image, ça a tout pour faire un parfait manuel éducatif pour jeunes adultes. Avec des anecdotes explicites pleines de lubrifiant et de sextoys. OK, comme manuel, il finirait brûlé en autodafé, mais de mon point de vue, c’est un compliment.