
Un nouveau Jemisin ! Peut-on dire que j’étais impatient ? Oui. Mais je me l’étais gardé pour le lire tranquillement pendant mes vacances, J’ai donc pu le savourer, et ça mérite. Une fois de plus, Jemisin est étonnante, et pas vraiment où on l’attend. Sur le fond et sur la forme d’ailleurs. Le cadre est inhabituel et hybride : un mélange de fantastique contemporain (avec des semblants de super-pouvoirs) et d’horreur cosmique (oui, il y a du Cthulhu là-dedans, de manière tout à fait affirmée), mais le tout ancré dans la vraie réalité, historique, géographique
et sociale de New York. De manière tout à fait détaillée et avec toute l’acuité et le regard critique de l’autrice. Ce qui fait que c’est sans doute encore mieux en connaissant la ville, parce qu’elle est vraiment le personnage principal. Donc, le cadre est inhabituel mais ça fonctionne vraiment si on se laisse entraîner. Bon, à ceci près que c’est un premier tome, dans une trilogie, et que c’est donc surtout une mise en place dont le potentiel reste encore peu exploré (mais on sent qu’il y a de quoi en faire de belles choses). Sur la forme c’est aussi un peu différent de ses précédents puisqu’on suit au total sept personnages principaux. Ce qui fait beaucoup de points de vue et beaucoup de parcours (qui sont aussi riches, divers et plein de sens politique, psychologique et social que ce que Jamison a montré précédemment). Ils s’assemblent et se complètent mais ça donne une dimension de mosaïque complexe dans laquelle il n’est pas forcément si facile de rentrer. Mais c’est maîtrisé et bien mené. Et au total, que ce soit le fond ou la forme, c’est très riche, composite et complexe, et je pense que ça prendra tout son sens et sa force avec le reste de la trilogie. En soi, j’ai bien aimé, mais je partais conquis de toutes façons, alors j’attends surtout la suite.