
J’avais envie de creuser la question des liens entre capitalisme et patriarcat et Isa m’a conseillé ce petit volume d’une autrice de référence sur la question. Elle a vraiment bien fait, j’ai trouvé ça passionnant et tout à fait adapté à mes questionnements (et elle en fait une chronique plus détaillée que la mienne et que je vous conseille : http://blogs.bl0rg.net/finis_africae/2020/07/03/silvia-federici-le-capitalisme-patriarcal/). Silvia Federici pose son analyse à partir de l’approche marxiste (quand on veut comprendre le capitalisme : what else ?). Mais Marx a largement raté la question de la place des femmes et du travail reproductif, donc elle commence par le pointer et par analyser pourquoi. Ce qui donne les billes pour faire effectivement une part du boulot d’analyse oubliée jusque là. Et c’est brillant et très convaincant sur la manière dont le capitalisme s’est construit aussi sur la gratuité du travail reproductif. Et dont il se perpétue en intégrant cet élément comme constitutif, et donc comme impossible à remettre vraiment en cause. Ce que je trouve très important et très utile comme élément de compréhension et de lutte. Ca ouvre des perspectives, nécessairement radicales, et j’adhère. Je pense que c’est d’ailleurs le chapitre sur la construction de la ménagère qui m’a le plus marqué. De la manière dont cette place et cette fonction ont vraiment été construites à coups de choix politiques et culturels pour répondre à une logique et des besoins économiques. Là aussi, ça fait bouger des représentations de manière convaincante. Question contenu, c’est vraiment une lecture qui m’a passionnée et que je ne peux que recommander autour de ces questions. Et sur la forme, je ne cacherai pas que c’est assez dense et que ça demande quelques repères théoriques. Mais dans des proportions que je trouve raisonnables, d’autant que les grandes idées sont reprises et reformulées et que l’écriture est claire et accessible. C’est un livre qui va clairement me rester et qui me donne à la fois envie de lire les autres bouquins principaux de Federici et de creuser plus sérieusement la question des communs.