300620_Market_forces

J’aime bien Richard Morgan, notamment par son coté rentre-dedans et intense. En particulier parce que ce n’est pas le fruit d’un goût pour les gros flingues et l’autorité brutale, héroïque et triomphante. C’est plus souvent pour en montrer les travers et les échecs. Et c’est sans doute dans ce roman que c’est le plus le cas. Et de manière très visible et affirmée. Sous le thème d’anticipation proche très teintée de Mad Max et de Roller ball (et plus exactement de Car Wars pour les ancien-nes du monde du jeu), c ‘est une critique assez féroce et dérangeante du capitalisme financier mondialisé. À travers ce qu’il pourrait devenir assez rapidement. De manière assez crédible et réaliste pour que soit dérangeant. Et quand je dis réaliste, ce n’est pas pour les combats de voiture, qui sont là pour le décalage et le décorum. C’est pour le parcours psychologique du protagoniste, qui dépeint finement comment le capitalisme financier amène à penser, soi et les autres, et à se déshumaniser largement. Mais pas complètement, et en en faisant le choix à chaque étape. J’ai trouvé ça très malin, et comme toujours bien écrit, avec maîtrise et nervosité. Par contre, terriblement pas drôle, pas réjouissant et pas optimiste. Donc à attaquer quand vous aurez envie que ça brasse et que ce soit un peu sombre, mais éclairant et clairement dénonciateur.