300620_Recomposition_mondes

Alessandro Pignocchi est ethnologue et n’est, à l’époque où il commence le parcours raconté dans cette BD, pas si profondément engagé politiquement. Et il va découvrir la ZAD de Notre Dame des Landes. Avec curiosité et avec une certaine naïveté, teintée dès a priori qu’on peut toutes et tous avoir. Il brosse un portrait très fin et très humain de ce qu’il y découvre et de la manière dont ça le touche et le questionne. Son dessin et son sens du récit apportent

beaucoup de sensibilité mais aussi beaucoup de complexité par la multiplication des points de vue. Et son regard-d’ethnologue lui permet de décrypter et de nous donner à comprendre ce qui se joue là, bien au delà d’une lutte concrète contre un aéroport : l’invention d’une autre société, avec des valeurs profondément différentes, et qui porte une critique radicale du modèle dominant. C’est en cela que je trouve que c’est une BD précieuse et marquante : elle vient nous interroger sur le fond de ce que nous voulons et elle nous montre avec joie et optimisme que oui, on peut non seulement penser mais faire autrement. C’est une bouffée d’air vitale pour nos imaginaires politiques. C’est réjouissant et exaltant tout en restant concret et drôle, sans aucun côté donneur de leçons. C’est à ne pas rater, plutôt avant mais tout aussi bien pendant ou après la lecture des autres BD de Pignocchi.