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Le prieuré de l’oranger (oui, il existe en français) est un gros roman de pure fantasy, avec une ambition de cycle épique classique. Qu’on m’avait conseillé parce qu’il sortait des sentiers battus en termes de genres et de sexualité. Ce qui est le cas : les deux histoires d’amour centrales sont Lesbiennes et gays. De manière assez naturelle et intégrée, dans un monde pas plus tolérant que le nôtre. Et ça, c’est chouette parce que ça change, et sans que ce soit le propos central. Non, le propos central, c’est de sauver le monde face à la résurgence des dragons maléfiques menés par leur maître emprisonné depuis mille ans. Et qui est tellement méchant qu’on l’appelle le Sans-Nom. C’est là que vous devez commencer à sentir que outre sa dimension inclusive, ce roman ne m’a pas beaucoup plu. Je dirais même qu’il m’a irrité plus que de raison. Certes, la fantasy, globalement, j’en ai ma dose et je suis difficile. Mais quand, comme ici, ça part avec de bonnes intentions et même des idées originales au niveau monde (avec un bémol : si vous connaissez 7th Sea (NdT : Le jeu de rôle Les Secrets de la 7ème Mer) ça ne va pas vous sembler si original), voire une mythologie de fond subversive et maline, je suis vraiment prêt à faire des efforts, à laisser passer des facilités de scénario et des approximations. Mais pas trop, quand même. Là, il y a deux aspects qui m’ont franchement bloqué : des personnages avec trop peu de profondeur et qui au final vont être ouvertes et raisonnables en moins de deux (notamment pour remettre en cause mille ans de tradition de manière radicale), on a du coup l’impression que tout le monde suit le scénario avec bonne volonté, ce qui est assez peu prenant. Bon, il y a une exception : la sorcière mystérieuse immortelle, qui elle se comporte de manière semi-absurde mais « elle est tellement âgée que nous ne pourrons jamais comprendre ses motivations » (dixit une personnage principale (et, oui, je trouve que c’est un peu foutage de gueule (ok, beaucoup))). Deuxième élément plombant : des trous dans le scénario que c’en est du gruyère (pardon, la Suisse, je sais, il n’y a pas de trous dans le vrai gruyère). Là encore, trop pour moi. Trop d’incohérences, de coïncidences inexpliquées et de trucs qui marchent parce que « ta gueule, c’est magique”. J’ai connu des scénario de JdR ou de GN plus solides et plus cohérents. Une majorité même. Bref, c’est un roman qui m’a au final gonflé, d’autant plus qu’il avait des aspects que je trouvais chouettes et motivants. Et il y en a, mais il faut sans doute trouver ces aspects très motivants, aimer beaucoup la fantasy et ne pas du tout chercher la petite bête sur la cohérence du scénario pour que vous ayez une chance de vraiment amer.