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K. J. Parker m’a suffisamment intrigué pour que je me lance dans une vraie grande trilogie. Et cette trilogie me confirme que Parker aime expérimenter et sortir des sentiers battus, qu’il a un univers étonnant et profond et qu’il écrit de manière efficace et agréable. En termes d’expérimentation, il y a dans cette trilogie deux aspects qui m’ont marqué. Le premier, c’est que chaque chapitre suit un personnage. Et que ce personnage en croise un autre en fin de chapitre et c’est celui-ci qu’on suif dans le prochain (passe le fil narratif à ton voisin ou ta voisine donc). Qui part éventuellement dans une direction très différente. Ce qui peut avoir des aspects frustrants (dans mon cas surtout dans le second tome, qui reste éloigné des personnages auxquels je m’étais attaché (mais ils reviennent en face dans le troisième, ça va)) mais qui fonctionne très bien et est assez ludique. Et si ça fonctionne si bien, c’est en bonne partie du fait de l’autre grosse expérimentation : le scénario de fond est de très grande ampleur mais il est raconté depuis les marges et les arrière-cours, rarement par les événements que l’Histoire jugerait centraux. Ce qui est à la fois malin en termes de point de vue narratif mais aussi dans l’idée que ça véhicule de comment se jouent et se vivent les périodes de grands changements. Accessoirement, sans spoiler, je suis justement très séduit et très étonné du point d’arrivée, qui est très questionnant et très loin des clichés héroïques ou historiques qu’on voit trop souvent. Je dis historique parce que c’est un monde fictif mais ouvertement calqué sur l’histoire européenne, avec toutes les richesses et les clins d’œil que ça permet. Et avec pas mal de morceaux byzantins, ce que j’aime toujours autant. Et dans celui-ci aussi des échos égyptiens (comme province impériale) et franc-maçons. Pour emmener tout ça, Parker use d’une écriture compacte et vive, qui ne traîne pas et qui pourtant permet de développer des personnages profonds et complexes (féminins, notamment, et loin des stéréotypes, à tous points de vue). C’est au total du vraiment bon boulot et qui laisse une impression forte (et des questions morales).