
Je lis ce qu’écrit Stephenson systématiquement, et je continuerai à le faire, mais je dois bien avouer que ce dernier (gros) roman me laisse une impression tout à fait mitigée. En fait, j’ai trouvé la première moitié brillante et très bien écrite et construite, et la seconde progressivement de plus en plus répétitive et décevante. Surtout en termes de construction narrative. Je vais spoiler un peu pour en dire plus, vous êtes prévenu-es. Le point de départ du scénario : un billionnaire du jeu vidéo se retrouve dans un coma irréversible, plus ou moins demain. Et il a rédigé quelques années auparavant un testament demandant à ce que tout soit mis en œuvre pour transférer son cerveau en digital et idéalement le rebooter. Et la technologie est balbutiante mais c’est jouable, surtout avec les moyens considérables qu’il laisse. Toute la première partie est donc plutôt techno-thriller autour de ce sujet, avec de larges détours. Et Stephenson est absolument brillant dans ce registre. Avec qui plus est une écriture maîtrisée, compacte et pleine de finesses et d’émotions, meilleure que dans mes souvenirs. Ensuite, on alterne entre l’au-delà numérique dans ses balbutiements (ce qui permet une exploration et des jeux de références sur les mythologies de la genèse); et les conséquences dans le monde réel. Là encore, ça fonctionne très bien et c’est riche d’idées et de personnages inattendu-es. Mais après ça, sur la (longue) dernière partie, je n’y ai pas trouvé mon compte : tout se passe dans l’au-delà numérique et donc dans des mythologies med-fan. Ce qui n’est pas inintéressant mais ça reste assez cliché et avec peu d’enjeux ou de profondeur. Enfin, si ça se trouve, si, mais tellement dans des références subtiles que je ne l’ai pas saisi. Du coup, on finit sur du (presque) pur mythologique, genre grande quête médiévale-fantastique. Et je trouve ça décevant. Même si on peut dire qu’il y a un bout de pirouette conclusive pour dire que c’est cohérent avec le propos, je trouve ça décevant d’un point de vue narratif, surtout vu la longueur. Plus court, j’aurais apprécié la pirouette et le bottage en touche, là je trouve que c’est un peu trop en roue libre.