100120_Bullshit jobs

Il y a quelques années, David Graeber a publié un article définissant les bullshit jobs, ces boulots dont les titulaires sont persuadés qu’ils ne servent à rien, qu’on pourrait les supprimer sans effet négatif sur la société, voire sans que personne ne s’en aperçoive. Il y esquissait un questionnement sur les causes justifiant ces boulots et sur ce que ça dit de notre société. L’article a eu un tel retentissement et à soulevé de telles questions (certains sondages, à grande échelle, estiment les bullshit jobs à 40 % des emplois) que Graeber a décidé de passer de l’esquisse au boulot de fond avec comme résultat ce bouquin. Et c’est une nouvelle fois tellement brillant… si il existe un fan club de David Graeber, je veux bien m’inscrire. De fait, à partir de cette observation traitée quasi nulle part, il déroule une analyse, des éclairages et des questionnements inattendus mais d’une finesse et d’une richesse rare. En bon anthropologue, il nous parle avec acuité de notre société, de ses valeurs et des recoins dissimulés de notre inconscient social et culturel collectif. Il questionne bien sur le travail, la hiérarchie mais aussi les valeurs et la valeur, les inégalités… Oui, c’est dense, c’est riche, avec des détours historiques, mais c’est toujours fluide et lisible et ancré dans le réel. Et on à l’impression de mieux comprendre des éléments importants sur lesquels on avait même pas toujours pensé à se questionner. Accessoirement, il propose même, avec prudence, un bout de piste de solution. Bref, David Graeber me fait une fois de plus du bien, intellectuellement comme politiquement, il continue à me faire évoluer. Ouaip, je suis clairement fan.