
David Harvey est un géographe marxiste qu’on m’avait recommandé (merci Elise) et qui tente de faire une lecture critique de la domination capitaliste par son appropriation de l’espace. Oui, on sent tout de suite que ça va être politique et assez dense scientifiquement. Et c’est vrai, mais j’ai trouvé ça honnêtement lisible (bon, il y a des petits bouts où j’ai peiné, mais je m’attendais à bien pire), et surtout vraiment inattendu et éclairant sur des dimensions que je n’avais pas encore eu l’occasion de penser. On trouve dans cet ouvrage plusieurs textes, et donc plusieurs thèmes (et une intro bien foutue qui remet l’ensemble en contexte). Pour vous donner un aperçu, le premier texte propose une lecture du capitalisme à travers l’idée que certains territoires (terroirs par exemple) permettent une rente de monopole du fait de leur identité spécifique et non-copiable. Ce qui permet de gagner plein de sous et justifie donc des stratégies pour entretenir, voire créer de toutes pièces, ces monopoles. Je résume dans les limites de mes compétences dans le domaine mais j’ai trouvé ça très éclairant. Autre grosse idée : le spatial fix. En gros, c’est en se déplaçant que le capital réussit à sortir de l’ornière d’un développement limité, en créant de nouvelles infrastructures ailleurs destinées à accueillir et faire circuler encore plus vite le capital. Ce qui éclaire des dynamiques géopolitiques et une articulation entre capital dématérialisé et lieux physiques réels. Dans un mouvement, nécessairement, qui sert à éviter au capitalisme le mur qui fait partie de son fonctionnement. Je ne peux pas prétendre saisir tout le propos ni surtout tout ce qu’il implique mais ça m’a ouvert sur d’autres idées et grilles de lecture qui me semblent précieuses. Si vous avez le temps et l’envie de pousser dans ces directions, c’est de la vraie science critique anti-capitaliste.