
Or donc, voici le prix Hugo nouveau, avec une autrice qui a pour nom Robinette, j’adore 😉 C’est de la science-fiction, d’un style général assez classique : une histoire de la conquête spatiale uchronique. En gros, pour des raisons que je ne spoilerai pas : le monde se tourne activement vers l’espace dès les années 50. Avec des calculs à la main donc. Et de mains féminines puisque c’était une fonction et un métier féminin (les hommes, ils faisaient ingénieurs). Bon, il y a aussi des fiches perforées, un peu, pour ceux et celles qui aiment ça. Et la question de la place des femmes est carrément centrale ici puisqu’on y suit une narratrice mathématicienne et ancienne pilote de la Seconde Guerre mondiale, et qui a pour ambition de faire partie des premières astronautes (ce qui suppose qu’il y en ait, et qu’on ne les appelle pas des astronettes idéalement…). C’est chouette de ce point de là, et pensé et illustré finement. Avec également une prise en compte de la question raciale (USA, années 50, voyez…) et de la manière dont la narratrice, blanche, a du mal à la percevoir et doit apprendre par le biais de ses collègues de mathématiques et de vol. Donc question thèmes, très bien, ça fait franchement penser à Hidden Figures, excellent film historique sur le sujet. Question personnages et émotions, aussi, ça fonctionne vraiment bien. J’ai versé ma larme à plusieurs reprises, c’est touchant, avec des personnages crédibles et multidimensionnels. Jusque là, vraiment, on est dans un prix Hugo tout bon. J’ai eu un peu plus de mal avec la structure narrative. Enfin, ce n’est pas du tout mauvais, c’est juste très attendu et sans trop de surprises. Disons que si j’avais dû écrire les grandes lignes d’un récit de schéma classique dans ce contexte, j’aurais fait un truc comme ça en première intention. De mon point de vue, ça manque franchement de rebondissements, de surprises, d’un petit truc au moins qui fait dire que même si on sait où on va finir, on a quelques inattendus sur le trajet. Mais mon habitude de regarder les schémas narratifs et mon travail autour des parcours d’émancipation doivent aussi me rendre cette impression particulièrement forte. Parce que comme je disais : ce n’est pas mal fait du tout, c’est juste fait de manière attendue, et qui fonctionne. Et je pense que ce n’est pas une raison de ne pas le lire, parce que question thème historique, espace, émancipation, et personnages, c’est vraiment bien. (Mais ça montre que même dans les Hugos, il y a des vraies différences… genre j’ai eu du mal à ne pas comparer à Jemisin…)
Ha ben oui 🙂 Effectivement, la narration est sans surprise, mais je me suis laissé entraîner et les page se sont tournées facilement. J’ai envie de lire la suite.