
Quand le scénariste de Cape et de crocs et le dessinateur de Blacksad s’associent pour une histoire picaresque en un gros tome, est-il possible de résister ? Franchement, non, et tant mieux. Parce que, oui, c’est très réussi. Il s’agit d’une suite inventée à un roman picaresque apparemment connu. On y suit tes aventures d’un anti-héros, issu de très bas, éduqué à ne jamais travailler et à compter sur le mensonge et la fourberie. Exilé vers le Nouveau Monde, il va y vivre des aventures pour le moins bigarrées et passablement retorses et malhonnêtes, et malgré une impression de récit confus au début, en fait non, pas du tout, bien au contraire. C’est même un des éléments d’un scénario d’ensemble très construit et élaboré. Brillant, même. Et comme c’est une très grosse BD, il y a la place de faire ça bien. Ça donne même franchement envie de relire l’ensemble une fois qu’on a toutes les clés pour repérer tous les détails et indices cachés aussi bien dans le récit que dans les illustrations. Les deux étant de toutes façons superbes et parfaitement maîtrisées. J’ajouterai que le héros, aussi charmant que détestable, donne du fait de son parcours et de son récit une note très sociale et très peu naïve sur la période. Ça reste un ensemble enjoué, mais pas que, vraiment pas que, ce qui est un équilibre que j’aime toujours beaucoup. Au final, c’est vraiment une excellente BD, qui mérite d’être lue et relue en prenant son temps.