
Il y a comme ça des livres qu’on essaie sur la foi l’un quatrième de couverture, sur un ton, des détails. Comme le fait que le narrateur est ici ingénieur dans une armée médiévale. Parce que ça a l’air de changer. Et, oui, ça change et l’ensemble est une très bonne surprise. Le narrateur est chef-ingénieur dans le génie de l’armée d’un empire très byzantin (c’est un monde de fiction, mais sans fantastique et très très calqué sur le déclin de l’empire byzantin (ce qui, étant donné mon goût pour cette période et sa rareté en fiction, était en soi un vrai plaisir pour moi)). Le narrateur est également malhonnête, magouilleur et menteur. Mais touchant. Et racisé et discriminé (en tant que blanc dans une société dominée par un Empire à peau noire, ce qui est assez finement amené et traité). Il se trouve rapidement pris dans le siège de la capitale et en charge de la défendre, dans une situation désespérée et avec très peu de moyens. Ce qu’il va faire avec beaucoup de rouerie et d’intelligence. C’est le premier gros point fort : une intrigue qui progresse à coups d’ingéniosité et d’ingénierie. C’est rafraîchissant et, de plus, passionnant si on est sensible aux techniques antiques et médiévales (ou à la technique tout court). Le second point fort, c’est que tout ceci se fait au rythme des échanges et relations entre un personnage central complexe et attachant et un tas d’autres, colorés et étonnants. Et ceci aussi est scénarisé finement autour de son évolution, ses doutes et des révélations nombreuses sur son passé (trouble et maltraitant). On pourra reprocher certaines accélérations, et une fin un peu abrupte, mais pour une histoire en un tome, je trouve que ça permet au contraire un rythme soutenu et une vraie conclusion marquante et thématique. Comme je disais, une chouette surprise bien écrite, rafraîchissante et prenante, je m’en vais de ce pas voir ce que cet auteur a écrit d’autre.