
Si le titre de l’ouvrage peut être difficile à interpréter, le sous-titre est par contre beaucoup plus explicite : généalogie du libéralisme autoritaire. Et, oui, je l’ai lu parce que ça fait si fort écho à l’actualité. Pour y trouver beaucoup plus que je ne pensais. Grégoire Chamayou part en effet des années 20 pour retracer les débats internes au capitalisme en ce qui concerne ses valeurs et doctrines politiques et son lien à la société, à la démocratie et l’Etat. Ce qu’il fait en citant nombre de penseurs et d’économistes libéraux, et en les analysant d’une plume acérée et critique. Sous forme de chapitres courts, cohérents et percutants. Ça tape fort mais c’est très clair, malgré des contenus riches et complexes. J’ai trouvé ça très agréable à lire. Sur la forme. Et sur le fond, j’ai trouvé ça passionnant, et je le recommande fortement, mais ça fait mal au ventre et ça met en colère. Utilement, puisque ça donne des armes pour mieux comprendre et mieux s’opposer. Pour tout dire, c’est à mon sens un parfait complément au Nouvel Esprit du Capitalisme de Boltanski et Chiapello. Sur les mêmes analyses générales, on va ici dans la matière même des stratégies de conquêtes du néolibéralisme. Stratégies au sens militaire avec tout ce que ça a d’effrayant. Difficile de résumer rapidement le contenu tant c’est riche mais ça éclaire aussi bien la stratégie politique globale que lien à l’écologie, la démarche de l’europe libérale ou les tactiques de notre gouvernement actuel. Dont les stratégies de dépolitisation par la privatisation. Et même la compatibilité négociable entre fascisme et néolibéralisme. Comme je disais, pas de quoi en sortir de bonne humeur mais c’est une compréhension salutaire et donc un vrai outil pour penser le contexte actuel et les luttes qui s’y déroulent et s’y dérouleront. A coller sans hésiter dans votre pile de lectures politiques à venir, donc.
Si vous voulez un avis plus analytique et étayé que le mien :