
Fêtes himalayennes est une BD documentaire ethnographique tout à fait réussie et très prenante. Elle est en lien avec une expo du Musée des Confluences que je n’ai pas encore vue mais que j’ai du coup très envie d’aller voir, du coup (ce qui fait que je vais peut-être dire du bien deux fois de suite de ce musée, comme quoi tout est possible). On suit donc ici trois ethnologues lors de plusieurs séjours consécutifs dans les hautes vallées du Pakistan, auprès du dernier peuple animiste de la région : les kalash. Et peuple qui a réussi à maintenir une identité forte et des traditions ancestrales (notamment un polythéiste animiste très “primitif”). Ce sont ces spécificités qui ont amené ces trois français à leur première expédition, puis à d’autres de plus en plus longues, jusqu’à se faire formellement adopter au sein d’une tribu. Ce qui n’est
vraiment pas la même chose, et en particulier pas les mêmes contraintes, pour la femme du groupe. Parce que oui, les traditions ancestrales, c’est fascinant, mais ça ne donne pas que envie d’y retourner. En particulier de ce point de vue là. Mais ça illustre aussi la manière dont l’impureté rituelle assignée aux femmes est ancrée Loin. L’adoption permet donc d’accéder aux lieux et temps secrets, dont ceux des femmes, mais aussi et surtout aux grandes fêtes rituelles qui rythment l’année, et la vie. Fête de partage de richesses pour le prestige et l’unité du peuple, mais aussi grands rites du changement d’année dans laquelle on retrouve vivants des universels d’accueil des morts, de résurrection du soleil, d’évacuation des scories sociales pour recommencer à neuf. Tout ceci est passionnant, bien raconté et bien mis en BD. Avec un choix étonnant mais finalement très réussi et convaincant : celui d’intégrer des photos au sein de la BD. Ce qui, et ça m’a surpris, ne casse à l’ambiance ni le rythme mais donne au contraire à l’ensemble une réalité et une profondeur précieuses. C’est une lecture que j’ai beaucoup appréciée et qui m’a motivé pour aller voir l’expo (à Confluences !)