
Le principe est clair et affiché : il s’agit d’un livre de combat, politique, contre Macron, sa posture et son parcours autant que sa ligne politique. Sa manière de passer et de considérer la fonction politique et son lien avec le peuple en particulier. Si c’est pour ça que vous venez, ça marche bien, sinon l’intérêt est discutable (mais ceci dit, ça se lit facilement et vraiment vite). C’est structuré autour du parallèle entre le parcours de Macron et de Ruffin, qui ont, il se trouve, étudié dans le même lycée. Le parallèle, qui s’arrête là, permet un contraste qui sert le double propos : une dénonciation d’une politique entièrement dédiée aux intérêts des ultra-riches, et une autre avec et pour les plus dominé.es. Je suis sur le principe assez client de la seconde, mais ici c’est celle qui m’a le moins passionnée. Les récits de Ruffin et de parcours cabossés m’ont bien sur touchés et ils rappellent très bien les impacts et enjeux incarnés de la politique, mais je n’avais pas tant besoin d’en être convaincu (même si ça ne fait jamais de mal de se le redire). L’autre partie, qui est un vrai travail de journaliste documenté, sur le parcours, les réseaux et le storytelling (parfois étonnement malhonnête) m’a vraiment surprise. Je ne pensais pas que c’était à ce point-là. Et même en distanciant le parti-pris de Ruffin, les éléments factuels et sourcés sont scotchant. Un mélange de naïveté, de cynisme et d’auto-conviction, accompagnées de manière rouée d’une priorité à la séduction, voire à la prostitution politique. Ça ne met pas de bonne humeur et ça donne de vraies munitions. Donc oui, comme bouquin de combat, c’est réussi.