
Un recueil de nouvelles donc, le premier de N-K. Jemisin. Avec un titre brillant, mais il n’y a pas que le titre, pour tout vous dire. L’autrice confirme ici clairement la haute place qu’elle a acquise dans mon estime. Car, oui, outre des séries multi-volumes qui moissonnent des Hugo, elle sait également écrire des nouvelles. Avec la même tonalité d’ensemble, c’est-à-dire une priorité donnée au point de vue des dominé-es et une saine colère, politisée, vis-à-vis de ce qu’elles et ils vivent, subissent et ressentent. Pour autant, ce n’est en rien monotone ou répétitif (pas plus que Banks, ou Asimov, ou tout autre auteur avec un regard spécifique) tant elle a d’imagination et de variété dans les univers et les contextes abordés et exploités. Mais il y a toujours de la vie et de la tension, et en général de l’humour. L’ensemble des nouvelles est de mon point de vue excellent, avec bien sur des variations. Certaines sont vraiment puissantes et marquantes (et ont fini de me convaincre, s’il était besoin, de mettre tout le reste de ses livres dans mes piles à lire pour dans pas trop longtemps), d’autres sont « seulement » très bien. Certaines pour celles et ceux qui ont lu La cinquième saison, parce qu’on y voit la genèse de son style ou de certaines idées. Et puis, oui, il y en a que j’ai trouvé oubliables. Genre : deux sur une trentaine. Et je n’ai pas peiné à les lire, juste j’ai enchaîné sur la suivante sans souffler. Alors que toutes les autres : non, j’ai fait une pause pour digérer, pour savourer. Vous pouvez y aller sans hésiter, et en sachant que Jemisin ce n’est jamais anodin. Mais c’est bien bien bien, et je compte bien bien bien tout lire d’elle.