
Second tome de la trilogie Broken Earth, The obelisk Gate reprend exactement à la fin du tome précédent et poursuit de manière tout aussi brillante et saisissante. C’ est le tome du milieu, donc c’est celui dans lequel l’histoire avance finalement assez peu. Mais ce n’est en rien un problème tant les deux dimensions centrales sont parfaitement traitées : découvrir les secrets de la construction du monde et atteindre le point de bascule de l’évolution des personnages principaux. En effet, c’est dans ce tome que j’ai réellement pris la mesure de la profondeur du monde qu’a construit Jemisin (ce qui, sans trop spoiler, classe clairement cette trilogie dans la science-fiction, même si on est loin des modalités classiques). C’est très malin, bien structuré, et c’est surtout brillant quand à ce que ça mobilise comme enjeux symboliques : dans Le rapport entre l’humanité et la planète, la domination et l’oppression, et aussi, voire surtout, sur les émotions et l’amour parental. Ce qui fait parfaitement lien avec l’autre dimension très forte de ce tome (mais du précédent également), ses personnages. Leur évolution est à la fois forte et touchante, et surtout très finement construite psychologiquement. Ce que l’écriture de Jemisin réussit à rendre parfaitement lisible et explicite sans jamais verser ni dans le pathos, ni dans quelque chose de trop démonstratif ou scolaire. Ce qui est un tour de force. Enfin, l’ensemble est un tour de force. Que j’ai donc lu avec gourmandise et avec concentration, mais pas trop vite : pour ne pas gâcher et pour ne pas faire une overdose (parce que c’est puissant et dense).