100618_Nouvelles_heterosexualites

Autant “Nous, les mecs” est un essai informel sous forme de partage de questionnement, autant celui-ci, que j’avais lu juste avant, est plutôt une tentative d’inventaire dont l’usage semble particulièrement adapté à des professionnel-le-s (en tout cas, c’est en partie l’intention que j’y décèle). En effet, on procède ici à une sorte de panorama, assez exhaustif (oui, j’ai vraiment appris des choses) des pratiques relationnelles, amoureuses et sexuelles d’aujourd’hui, et ce dans un cadre hétérosexuel. Et c’est bien plus varié et questionnant que ce qu’on pourrait penser, d’autant que les typologies concernent aussi bien les modes de relations, de liens, de configuration, de rapport à la sexualité qu’aux sentiments. Ce qui donne donc bien une image diversifiée des hétérosexualités et de leurs mutations. En soi, c’est déjà très intéressant de prendre la mesure de toutes ces approches et des questionnements qu’il y a derrière. Mais ce n’est pas tout : le propos est aussi de montrer comment ces différentes formes sont, de manières plus ou moins construites et conscientisées, des modalités expérimentales de remise en cause du patriarcat et de la domination masculine (ne serait-ce qu’en remettant en cause le couple traditionnel). Et donc de légitimer ces formes, et l’expertise non-universitaire des personnes concernées, comme des objets sociaux et politiques, et comme des contributions à l’évolution de la société. J’ai trouvé très bienvenu et très riche le fait de replacer ces descriptions dans le cadre d’une réflexion politique, et de légitimer le savoir (auto-construit ou expérimental) des personnes concernées. L’ensemble oscille donc entre le descriptif et l’inscription dans des questionnements d’égalité et de déconstruction plus large, ce qui en fait une bonne approche synthétique, même si on aura potentiellement l’impression de survoler un peu rapidement certains aspects, selon ses intérêts propres.