
Si le contexte de cette trilogie (qui devient ensuite une série un peu fleuve) peut sembler au départ assez classique en termes de Fantasy, c’est en fait une impression assez trompeuse. D’une part parce que les intrigues relèvent largement plus de l’enquête, et surtout de la maneuvre politique que de quêtes héroïques ou d’opération de sauvetage du monde. D’autre part parce que l’échelle de narration est au niveau individuel, et d’individus pleins de doutes, d’humanité, et donc de difficultés, voire de traumas à faire face à un monde dans lequel ça bastonne, ça trucide, et éventuellement, au loin, ça fait de la magie du genre à réduire des populations à néant dans d’atroces souffrances. Ce qui est du coup un prisme que je trouve particulièrement intéressant pour explorer un monde de fantasy, d’autant plus en suivant les aventures d’une troupe de mercenaires qui n’ont pas non plus envie de n’être que de méchants, juste de survivre. De fait, les personnages sont très humains, on ne tombe pas dans le stéréotype héroïque, ni chez les gentils, ni au final, et c’est une bonne surprise, chez les méchants. Et on s’attache donc grandement aux personnages en question, qui ont de la profondeur et une réalité rare dans ce type d’univers. Au-delà de cette question de traitement, les scénarios sont très élaborés, riches et malins, avec moults rebondissements et finesses. Et l’écriture est vivante, agréable et pleine d’humour. Du coup, oui, j’aime vraiment beaucoup. En particulier, cette première trilogie (ici en un time, mais en trois volumes de poches français facilement trouvables également) constitue une unité scénaristique très cohérente, avec une belle conclusion (qui ouvre certes sur des suites, mais il y a une vraie césure) à tous points de vue.