
Reinhold Messner est une légende de l’alpinisme, et de la montagne en général. Je vous dis ça, je ne suis pas spécialiste, mais quand même, il y a des parcours et des exploits qui restent indiscutables (les sommets de plus de 8000, en solo et sans oxygène également, traversée de l’antarctique, du désert de Gobi…). Dans ce livre, Messner ne raconte pas spécifiquement ses exploits, il l’a fait largement dans un certain nombre d’autres ouvrages. Ici, il raconte plutôt son parcours émotionnel, ses évolutions et sa philosophie. C’est chronologique mais relativement décousu, avec de petits chapitres thématisés par émotions. Et c’est raisonnablement bien écrit, sans que j’ai été particulièrement charmé par le style. Ceci étant, il y a plein de choses intéressantes. Sur la civilisation et le sens que Messner donne à son exploration de l’autonomie et de la survie en milieu extrême. Sur la construction de confiance et de l’individu. Sur la cohésion d’un groupe ou d’une société. Et puis, aussi, sur les relations de Messner avec les clubs alpins et un certain nombre d’alpinistes célèbres. Relations pour le moins tendues, voire franchement conflictuelles, dans des proportions qui ont visiblement laissé des traces pour Messner, qui, tout en disant qu’il ne veut plus en discuter, en parle beaucoup. Et il y a derrière tout ça non seulement des questions de personnalité, mais surtout des questions de classe sociale et d’ancrage politique. Parce que Messner est d’origine très rurale et se revendique anarchiste, et sa confrontation a un milieu de références différentes a été aussi un éclairage que j’ai trouvé très riche et intéressant.