
Je l’ai déjà dit, je le répète : je suis profondément impressionné par l’excellence de la production de William Gibson depuis plusieurs années. Je pense qu’il mérite le titre ronflant de maitre, au sens où ce qu’il produit est absolument maitrisé dans tous ses aspects, que ce soit sur la forme de l’écriture, le fond de son propos ou la tension et le rythme de sa narration. Et on peut y rajouter une dimensions réellement visionnaire dans la manière dont il arrive à projeter des évolutions crédibles et sensées à plus ou moins long terme, d’une manière extrêmement écalirante sur les enjeux actuels. En bref, oui, c’est un trrrès bon roman. Par contre, ce n’est pas de tout repos. Parce que oui, d’une part, l’écriture est dense et rythmée, donc ce n’est pas un livre à bouquiner avec une demi-attention, sinon on perds le fil en une demi-page. Pour autant, ce n’est pas lourd, c’est écrit de manière très vive et très rythmée. Très concrète aussi, au sens où, en peu de mots, Gibson arrive à brosser des personnages et des environnements crédibles, mais surtout vivants, habités, avec du grain, de la texture, quelque chose qui donne une impression toute opposée à l’anticipation froide et abstraite. Et puis, c’est prenant, du coup. Parce que les personnages sont prenants, parce qu’on a très envie en permanence d’en découvirr plus sur ces mondes qu’il imagine, et aussi parce que son scénario est plein de suspense, de surprises et de découvertes. Et, oui, en prime, l’histoire qu’il raconte est aussi un commentaire, une réflexion sur notre monde actuel et ses évolutions. Sans trop donner l’impression d’y toucher, ce que je trouve d’autant plus admirable. C’est de la science-fiction pour les moments où vous avez envie de réfléchir, d’être surpris et de vous prendre quelques claques, donc un peu à l’opposé d’aller voir un Star Wars, par exemple (soit dit sans méchanceté pour Star Wars, d’ailleurs), mais c’est de la science-fiction qui mérite cet effort parce qu’elle ne deçoit pas. Magistralement.