080116_Men_tomorrow

Men of tomorrow, c’est l’histoire de la génèse de l’industrie des comics américains. Et c’est beaucoup moins anecdotique qu’on pourrait le penser à première vue, parce que c’est justement traité ici comme de l’histoire, avec de nombreux, étonnants et riches liens avec l’histoire sociale et politique des Etats-Unis. On y découvre donc les tout débuts, avec assez rapidement Superman, et la manière dont ce personnage notamment, mais beaucoup d’autres aussi, naissent dans le creuset de l’émigration juive et des ghettos de New York, et de la place qu’y cherchent les jeunes agrçons de la seconde génération. On y découvre aussi comment cette forme nouvelle va trouver des appuis et des débouchés liés à l’industrie des pulps et de la pornographie, et donc avec la pègre américaine. C’est donc étonnant mais aussi une vraie découverte de tout un pan de l’histoire que je n’avais jamais regardé de très près. Et ce mélange entre l’histoire des comics eux-mêmes, de leurs auteurs, et de la société dans laquelle ils vivent a été très largement à mon gout. Je ne pense que j’aurais pris grand intérêt à une histoire interne des comics et de leurs personnages, alors que là, j’ai lu ça d’un bout à l’autre sans faiblir le moins du monde. D’autant qu’il y a aussi du suspense, ne serait-ce que dans les relations entre les auteurs et les éditeurs et la manière dont les cartes sont rebattues, pour des raisons personnelles ou institutionnelles à plusieurs époques. Et en termes de personnages, on a de quoi varier les plaisirs aussi, entre des auteurs parfois caricaturaux de geekerie et d’asociabilité, et des éditeurs liés à la pègre assez hauts en couleur. Je dirais que même pour des gens simplement curieux et pas du tout fans avérés de comics, ça fait une lecture tout à fait étonnante et très intéressante (Merci Caro).