C’était la première fois que je lisais du Rancière, mais j’en avais déjà entendu parler plusieurs fois : je ne regrette pas de m’y être lancé, ça m’a fait le plus grand bien. Rancière pense la question de la démocratie assez loin et assez profond, mais réussit à le faire en un nombre de pages limité (120) et avec un vocabulaire et une manière d’écrire éminemment lisible. Vu le sujet et où il remonte, ce n’était pas gagné, mais c’est réussi et je trouve ça admirable. Sur le fond, c’est un livre qui m’a passionné. Il remet à plat ce qu’est fondamentalement la démocratie, en corrigeant certaines idées fausses (que j’avais) quand à ses racines grecques et comment elle était perçue et combattue à l’époque, en particulier dans son lien à la république. Et il expose à partir de là les problèmes que posent l’idée même de démocratie à ceux qui ont le pouvoir et la charge de l’état. Ce qui est très éclairant quant aux discours actuels de critique de la démocratie, et d’assimilation de celle-ci au fonctionnement capitaliste libéral. C’est vraiment une grille de lecture que propose Rancière, et qui sur ces questions là m’aide personnellement beaucoup. De là, il arrive à la question de la haine de la démocratie, mais aussi de sa richesse et de fécondité, de son intention fondamentale et salvatrice de remettre en cause la répartition du pouvoir dans la société. Et ça fait du bien de se rappeler ça aussi clairement, de ne plus mélanger un tas de choses avec cette idée là. Vous vous doutez du coup que, même si c’est lisible dans la forme, c’est assez dense pour le fond et les idées. Mais c’est court, et ça vaut franchement l’effort.
La haine de la démocratie, de Jacques Rancière.

sur le meme theme je viens de lire un article de pierre rosenvallon : sortir de la myopie de la démocratie
http://www.lemonde.fr/idees/article/2009/12/07/sortir-de-la-myopie-des-democraties-par-pierre-rosanvallon_1277117_3232.html