Je m’étais mis de coté depuis longtemps ce bouquin considéré par beaucoup comme un classique incontournable. J’avais bien fait mais je n’aurais pas du attendre aussi longtemps pour le lire. Joseph Campbell est un spécialiste de la mythologie, toutes les mythologies, et il produit ici une analyse synthétique des points communs entre tous les grands récits mythologiques. Il dégage donc une structure universelle dans ces grands récits, qu’il nomme monomythe. Son travail d’analyse et de synthèse est passablement convaincant, mais ce n’est finalement pas le plus intéressant, même si ça suffirait à en faire un livre méritoire. D’une part, Campbell met en lumière ce à quoi sert fondamentalement la mythologie (et la spiritualité, voire la religion avant que celle-ci ne perde son sens premier une fois qu’elle prends des formes liées au pouvoir), en quoi elle permet de créer un récit de ce qu’est être humain et de ce que signifie faire société. Et il redonne ainsi à la lecture de la mythologie un sens éthique et spirituel passionnant. D’autre part, il lie ces récits et la construction du sens collectif au parcours individuel du héros et de la manière dont c’est également une métaphore pour la construction individuel et la confrontation aux diverses questions et difficultés de la vie. Enfin, la structure des récits mythologiques est aussi la structure narrative fondamentale, et se retrouve dans tous les types de construction narrative, en particulier de fiction. Il y a donc dans ce livre de quoi alimenter bien des réflexions, et de quoi revenir aussi à des questions fondamentales d’identité et de société. Donc, oui, lisez-le, ça se trouve d’ailleurs en poche français très facilement.
The hero with a thousand faces, de Joseph Campbell
