Encore un peu d’Henri Roorda, parce qu’il le mérite. Je vous avais parlé avec le roseau pensotant d’une petite sélection des chroniques du sieur Roorda, ceci est en une compilation beaucoup exhaustive, couvrant les années 1919-1923. On y retrouve bien sur toute la finesse déjà aperçue dans le Roseau pensotant, et la maitrise impressionnante de la forme, du rythme et de la construction de chaque chronique, et on y retrouve également des chroniques très drôles et acérées. Mais pas seulement. Cet échantillon plus large permet aussi d’avoir des chroniques plus lentes, plus ancrées dans le quotidien et les états d’âme de Roorda. Chroniques dans lesquelles il ne perds rien de son acuité, mais elle est parfois plus acide, plus pessimiste. On sent à quel point la première guerre mondiale l’a marqué et à changé son regard sur le monde et l’humanité. C’est touchant et fort, en plus d’être drôle et plein d’idées inattendues. J’ai donc eu l’impression d’y découvrir plus pleinement Roorda, au-delà de sélections plus orientées sur les chroniques les plus drôles et les plus mémorables, et Roorda est un chroniqueur capable d’un éventail large de style et de perspective, du drôle et anecdotique au très profond. Accessoirement, au vu de la densité du volume, c’est un livre parfaitement adapté à un grignotage progressif, chaque chronique faisant deux pages. On y revient avec bonheur par petits morceaux, quand l’humeur se prète à cette plume rare.
Les saisons indisciplinées, de Henri Roorda.
