Pour ceux à qui ça dit quelque chose, Joey Comeau est l’auteur des textes de A softer world, magnifique travail de triptyques photographiques surréalistes, émouvants et décalés que je vous conseille grandement d’aller savourer une fois de plus (il y a de quoi faire, ils n’ont toujours pas freiné). Et Joey Comeau a une maitrise de formes courtes impressionnante, ce qu’il démontre mieux que jamais dans ce petit volume étonnant. Formellement, il s’agit de lettres de candidature en réponse à des offres d’emploi. Mais. Mais dès la première, ça part en vrille. Pas forcément de manière comique et caricaturale. Loin de là d’ailleurs. De manière surréaliste, désespérée le plus souvent, de manière terriblement émouvante aussi, en peu de mots et peu de moyens. Certaines sont drôles quand même, et le principe est assez décalé pour l’être aussi, mais au fond, c’est plus dérangeant, émouvant et triste qu’autre chose. Parce que de lettre en lettre (signées d’ailleurs systématiquement du nom de l’auteur), se brosse un tableau de sa vie, de ce qu’il a traversé, de ce qui l’a amené là, à répondre à des candidatures en racontant des instants de sa vie, des doutes et des émotions. Sans espoir que ces lettres aboutissent à quoi que ce soit, mais en les envoyant quand même. C’est un livre unique. Court, facile à lire et pas facile en même temps, fort et déstabilisant, mais fascinant.
Overqualified, de Joey Comeau.
