Je n’ai pas assez souvent l’occasion d’aller voir les expositions du MEG mais je le regrette car elles sont toujours d’une qualité rare (particulièrement si on les compare à un certain nombre de musées français). L’exposition actuelle, donnée dans une annexe du fait de travaux dans le bâtiment principal, parle de la codification des arts indiens et plus particulièrement du rapport entre la musique traditionnelle et les arts narratifs (des miniatures mogholes à Bollywood en passant par de très surprenantes traditions picturales liées au chant et aux récits de conteurs et musiciens itinérants). Le propos est, en ce qui me concerne en tout cas, assez inattendu, mais très intéressant parce que je n’imaginais pas une telle continuité dans la formalisation des arts. Et, au fil de cette continuité, les œuvres et traditions présentées sont non seulement marquantes graphiquement, le plus souvent belles, parfois juste amusantes, mais aussi pleines de sens et de surprises. En particulier, une partie présente des rouleaux de peintures/BD traditionnelles du Bengale, réalisées par des femmes pour transmettre en les chantant la mythologie et aujourd’hui utilisée pour faire de l’instruction sur des thématiques sociales (polyo, sida, maltraitance des femmes) ou sur l’actualité (avec notamment un rouleau remarquable sur les attentats du 11 septembre et leurs suites). Comme toujours au MEG, la scénographie est élégante et très réussie, les textes informatifs mais sans jamais être trop denses ou difficiles à lire et les œuvres très bien mises en valeur. Et, accessoirement, le catalogue est à la hauteur de l’expo, comme d’hab là aussi (même si je n’aime pas la police de caractères).