Un petit ouvrage, finalement assez spécialisé, dont le résumé m’avait suffisamment fait envie pour que je m’y plonge. Le propos est ici de passer en revue tous les dysfonctionnements provoqués par les nouvelles approches managementesques, et en particulier tout ce qui relève du pilotage à partir de divers indicateurs de performance et autres outils d’incitation. En gros, une belle série de beaux plantages de l’idéologie managériale actuelle et de ses outils supposés les plus quantitatif et objectifs. Au-delà de l’aspect amusant de la chose, ceci dit, deux choses à mon sens intéressantes. La première, qui est finalement le propos de l’auteur, concerne les limites de ce genre d’outils, et surtout la nécessité de ne les mettre en place qu’après une réflexion sur les objectifs réels, et particulièrement concernant les questions politiques, que l’on poursuit, faute de voire les outils et leurs concepteurs faire de manière invisible ces choix politiques et imposer leurs priorités (et quand on parle par exemple des indicateurs concernant le fonctionnement de la justice en France aujourd’hui, on rigole vraiment beaucoup moins, voire on a envie de claquer la figure d’un certain nombre de politiques et de technocrates). Et deuxième élément intéressant, qui m’est plus personnel : voir à quel point lorsque l’on met en place des règles nouvelles, les gens jouent avec et trouvent les moyens de les utiliser au mieux et de jouer avec elle pour leur gain propre. Et que quand on a l’habitude du jeu, et de la conception et du test de règles, ou voit venir de loin pas mal des dérives et plantages décrits dans ce bouquin. Comme quoi, heureusement que les managers manageant ne sont pas trop joueurs, ils n’en seraient que plus efficaces.