Il y a parfois du Génie des Alpages dans les moutons du Baron Noir, si ce n’est qu’ici, c’est lui le chef, le prédateur, le dominant et que les moutons n’ont que rarement de velléités de rébellion solides. Il faut dire que les forces de police (en rhinocéros), si elles reconnaissent qu’en théorie le Baron Noir ne doit pas enlever trop de moutons, ne sont pas prêtes à l’embêter, surtout que si ça se trouve, il n’a pas dépassé son quota, et préfèrent marteler les fourmis rebelles. Le Baron Noir, ce sont donc de petits strips de trois cases relatant principalement les exactions dudit Baron sur ses terres peuplées de moutons. Et il est difficile d’en avoir une lecture autre que politique, tant est mise en avant la position du prédateur (qui voudrait léguer son affaire à son fils), des proies, de la police, et même des intellectuels (un éléphant et un tortue dont les prises de position restent superbement théoriques). Il n’empêche que c’est drôle, décalé et raisonnablement varié. Bien sur, mieux vaut ne pas se taper l’intégrale d’un coup, ça ferait beaucoup et sans doute un peu répétitif, mais à lire par petits morceaux, c’est un vrai plaisir. Le dessin est minimaliste mais si vous aimez le style de Pétillon, ça se passera bien, et l’écriture sobre elle aussi mais tout à fait efficace. Je regretterais simplement que certaines séries se répètent un peu et que les tentatives de renouvellement de la fin de la série ne soient pas forcément ce que je trouve le plus convaincant.
Le Baron Noir, de Got et Pétillon.
